Les CRICKX, famille de meuniers pendant 150 ans.

Il y avait plusieurs moulins à Uccle. La Seigneurie de Carloo avait son moulin. Probablement que Pierre CRICKX était meunier du Seigneur Roger Wauthier van der Noot, car celui-ci fut parrain d'un de ses enfants, Roger Walter Crickx. Ce qui amplifie cette conviction sur le métier de Pierre CRICKX, c'est que son épouse, Catherine DE GEYNST, est issue d'une famille de meuniers connus.

De même, les HERINX (François HERINX est doyen des meuniers en 1725), les PASTEELS (Philippe PASTEELS, maître meunier, épousera Marie Herinckx, veuve de François CRICKX, en 1717), les CROCKAERT, DE BONTRIDDER (époux de Marguerite CRICKX, fille de Pierre et Cath De Geynst), meunier à Vilvoorde et CEULEMANS Anne (Anne Bogaert, veuve Jean Crickx, épouse Corneille CEULEMANS dont enfants : Théodore, né en 1716, Jean François, 1710, François 1719, et Anne, 1721).

Jacques CRICKX, fils de Jean et Catherine VAN ROSSUM, est lui-même désigné comme maître meunier dans les actes de naissance de ses enfants, de même que maître Jean Crickx et maître Nicolas Herinx.

Dans un acte historique de juin 1755, mettant fin à des querelles incessantes entre les meuniers et les boulangers, nous retrouvons quantité de noms de meuniers apparentés aux CRICKX ou témoins dans les mariages et baptêmes : SPELTINCKX, PASTEELS, DE CONINCK, VAN DIEVOET, VANDERELST, ORTS, HERINCKX, VERHEYLEWE-GEN, BOGAERTS, VAN NERUM, VAN DER BORGHT, DE VLEESCHOUWER, OTS, CEULEMANS, VANDESANDE, MARAS.

Les meuniers se marient donc très souvent entre eux : il faut aussi compter avec les nombreuses alliances que nous avons retrouvées entre toutes ces familles.

Pendant près de 150 ans, nous trouvons des meuniers dans la famille CRICKX. Nous constatons qu'ils se déplacent énormément. Cela est dû au fait que les contrats étaient de 3, 6 ou 9 ans et que de nombreux conflits naissaient entre meuniers et clients…(voir "Le métier de meunier")

La Maison des Meuniers

A la Grand-Place de Bruxelles, le Métier des Meuniers avait sa maison, comme beaucoup d'autres Métiers et Corporations. Dans le grand ensemble dit "des Ducs de Brabant", au n° 16 de la Grand-place, nous trouvons une maison appelée "le Moulin à Vent" qui porte l'écusson en relief d'un moulin à vent et d'un moulin à eau. Ce local était le local traditionnel de la Nation Saint Christophe, en principal, également en partie du Serment Saint Georges au 16e siècle puis plus tard encore aux Gantiers. Après le bombardement et la destruction de la Grand-place en 1695 par les Français, les Meuniers rebâtirent courageusement leur maison de corporation. Dans leur registre de comptabilité, on relève les sommes énormes qu'ils consacrèrent chaque année pour payer l'architecte, l'entrepreneur et les artistes chargés de la reconstruire. On trouve également dans la comptabilité qu'ils louaient une pièce aux Fruitiers pour y tenir leurs réunions. Après la révolution et l'abrogation des corporations par la république, on relève que Victor HUGO, en exil, logea dans cette maison, devenue meublé, du 5 janvier 1852 au 1 février 1852 où il emménagea au 27 sur la même place. On trouva également au 11, rue de la Tête d'Or, un estaminet "La Maison des Meuniers" ou "s'Moldershuys", démolie en 1857, qui donnera son nom à la rue "des Meuniers". Karl Marx y fonda "l'Association démocratique" le 7 novembre 1847.

Les moulins

La proximité d'une rivière était essentielle pour l'exercice de nombreuses activi-tés, parmi lesquelles la meunerie. La Senne, dans sa traversée de Bruxelles, a actionné plusieurs moulins, seules véritables machines qui se soient multipliées au Moyen Âge. Dès 1175, il existe au moins six moulins à eau sur le territoire de la ville, tandis qu'au XIVe siècle, leur nombre est passé à douze. La majorité d'entre eux subsisteront jusqu'au XIXe siècle. Il n'est d'ailleurs pas impossible que les bras de la Senne, tels qu'ils sont connus par les premiers plans de la ville, aient été aménagés spécialement dans le but d'alimenter un maximum de moulins au coeur de la ville. Les moulins sont en effet des infrastructures économiques de premier plan. Ils attirent à eux les surplus agricoles des campagnes environnantes, rapidement redistribués sur les marchés de la ville, et procurent au duc de Brabant, seigneur de la ville, un revenu non négligeable par le biais d'une taxe appelée droit de mouture. Bien sûr, les moulins veillent au grain, si l'on ose dire, mais ils remplissent également de multiples autres tâches. Ils pressent les oléagineuses, aiguisent armes et couteaux, broient l'écorce de chêne pour en extraire le tan indispensable aux tanneurs et, à partir du début du XVe siècle dans nos régions, ils triturent les chiffons qui serviront à faire la pâte à papier. Plus tard encore, ils assureront certaines étapes de la fabrication textile (foulage, teinture, impression... ). À la fin du XIVe siècle, la capacité motrice de la Senne intra muros est exploitée au maximum. Il n'existe alors pratiquement plus un seul endroit qui soit encore propice à l'implantation d'un moulin, à moins de transformations qui risqueraient de mettre à mal le fonctionnement de la rivière en ville. En modifiant les niveaux d'eau, elles provoqueraient des inondations ou empêcheraient les moulins existants de tourner convenablement.

Aussi, c'est désormais en dehors de l'enceinte bruxelloise que vont se multiplier les "machines à eau". À cette époque, il est possible de recenser une soixantaine de moulins établis dans les communes qui constituent aujourd'hui la Région de Bruxelles, ce chiffre pouvant être porté à quatre-vingts environ si on prend en considération les communes de l'hinterland économique bruxellois au sens large (principalement Linkebeek et Rhode- Saint-Genèse au sud ainsi que Woluwe-Saint-Etienne, Zaventem, Vilvorde et Diegem situées dans la vallée de la Woluwe au nord-est). La densité des moulins dans les environs immédiats de la ville ne s'explique que par l'existence même de Bruxelles au coeur de cette nébuleuse.

Aujourd'hui, c'est aux marges extrêmes de la région, dans la seconde couronne bruxelloise, qu'il est loisible d'admirer les derniers témoins de ce patrimoine in-dustriel disparu (Moulin du Neckersgat à Uccle ou du Lindekemale à Woluwe-Saint-Lambert), même si de nombreux «chemin» ou «rue du Moulin», à Uccle, Anderlecht, Saint-Josse, Watertnael ou Auderghem, en conservent encore le souvenir. L'introduction de la machine à vapeur au xlxe siècle, jointe à la densifi-cation du tissu urbain, eut rapidement raison des moulins à eau séculaires.

De manière plus générale, la proximité de l'eau ou la possibilité d'un approvi-sionnement aisé fut recherchée par de nombreux artisans et fabricants. L'eau était une composante clé, ou même une véritable matière première dans bon nombre de procédés industriels utilisés autrefois. Tel était le cas dans l'industrie textile qui fit la renommée de Bruxelles durant de longs siècles, en particulier au cours des opérations de blanchiment ou de teinture. La position des rues de la Blanchisserie (quartier du Marais) et de la rue des Teinturiers (quartier Saint-Jacques), situées dans le fond de la vallée humide de la Senne, rappelle préci-sément l'association étroite de ces métiers avec l'or bleu. Dans l'industrie du cuir et des peaux (tannerie, pelleterie, corroierie ... ), la macération des pièces pen-dant des jours, voire des semaines ou des mois, dans des bains additionnés de tan ou de chaux, rendait l'approvisionnement régulier en eau indispensable. Les artisans n'hésitaient d'ailleurs pas à réorganiser le réseau hydrographique secondaire à leur profit en aménageant des rigoles, des canaux, des dériva-tions... autour de leurs ateliers. De nombreux tanneurs bruxellois, par exemple, s'établirent dans le quartier de la Chapelle et de la rue Haute, bien irrigué par plusieurs petits ruisseaux qui dévalaient les pentes abruptes de la colline. Les brasseurs entretenaient eux aussi des liens étroits avec des points d'eau et leurs brasseries étaient souvent équipées de goten, c'est-à-dire de conduites d'adduc-tion d'eau, pour lesquelles ils devaient généralement payer une redevance au souverain, le duc de Brabant ou, plus tard, à la Ville. Le facteur eau n'est évi-demment pas le seul à avoir influé sur la localisation des professions dans la ville. D'autres facteurs, de nature plus directement économique, jouèrent égale-ment des rôles déterminants. (Extrait de "L'archéologie, du néolithique à la révolution industrielle" édité par la Région de BRUXELLES-CAPITALE chez Mardaga)

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